Exclusivité Tolkiendrim – Interview de Philippa Boyens

Découvrez l’interview de Philippa Boyens – co-scénariste et co-productrice du Hobbit – réalisée lors du passage de Benjamin sur le tournage du film !

Philippa Boyens Crédit photo Warner Bros.

 

Co-scénariste et co-productrice,  Philippa Boyen nous parle de cette nouvelle aventure. 

 

Était-ce difficile d’essayer de trouver le point de départ pour la troisième partie ?  Peut-on dire que la première partie est une introduction , que la deuxième partie parle du dragon et la troisième partie de la bataille ?

Philippa Boyens : – Oui, en effet la troisième partie concerne principalement la bataille. (…) Si vous avez vraiment lu le livre, la fin normale pour un conte pour enfants est que le dragon est tué, ils récupèrent la montagne, tout le monde vit heureux pour toujours. Ici, l’histoire ne s’arrête pas là. Elle continue sur sa lancée, et une note plus sombre s’insinue dans l’histoire, une note tout à fait tragique, en réalité. Cela contribue à séparer les moments importants dans l’immensité de cette histoire, et à ce que nous arrivions à cette bataille et cela va être une grande bataille. C’est une merveilleuse bataille.

 

Les personnages ont encore tout un voyage à accomplir.

Philippa Boyens : – Oui. Il y a quelque chose dans le livre dont nous avons toujours adoré le concept, même si le professeur Tolkien a toujours dit qu’il n’écrivait pas consciemment sur des thèmes particuliers. Quand quelqu’un lui demandait : « Quel est le thème du Seigneur des Anneaux et de vos écrits ? » Il répondait : «la mort», ce qui n’est pas forcément le sujet avec lequel vous souhaitez débuter.  Mais il a évité cette notion de thèmes. Par contre, s’il en existe un, ici, en particulier vers la fin du deuxième film et surtout dans le troisième film, c’est ce merveilleux concept appelé « le mal du dragon » à propos du trésor. C’est presque obscène, toute cette richesse, cela en devient presque écœurant.

Lorsque Richard Armitage a vu la taille du trésor il s’est écrié : « Oh, mon Dieu. Étions-nous si riches ? » Il a eu une réaction de dégoût. Et il a raison, Il y a quelque chose de dégoûtant à ce niveau de richesse. C’est cela que le professeur Tolkien a écrit à propos de la maladie qui s’étend sur le trésor après avoir été longtemps couvé par un dragon. Et ce qui est intéressant à ce propos, sur le plan conceptuel, c’est cette idée que le dragon est une créature qui vit, qui vit littéralement pour la cupidité. Il ne peut jamais en avoir assez. Thorin fait le voyage le plus extraordinaire dans le troisième film parce qu’il commence à être la proie de la même maladie que son grand-père.

Et alors cette amitié forte, dont vous avez été le témoin à la fin du premier film entre Thorin et Bilbo, commence à se briser. Et c’est un crève-coeur quand vous voyez cela se produire, c’est très émouvant. Le choix de Bilbo dans le troisième film est un cadeau pour nous, scénaristes. C’est un choix inouï, que vous devez faire, celui de trahir votre ami, c’est un concept magnifique, mais un choix déchirant.

 

Etes-vous toujours dans la phase d’écriture de la bataille ?

Philippa Boyens : – Oui. Nous savons comment elle va se dérouler mais Peter a littéralement dû agir comme un Général, parce qu’il y a tellement de mouvements durant cette bataille !  Il y a eu quelques corrections. Comme par exemple : « Bon, les combattants sont ici, mais attendez, il faut que quelque chose se passe là… ». Peter aime les prise de vue durant les batailles, il aime cette action. Cela permet de libérer son imagination. Mais l’une des choses qu’il comprend et qu’il sait, c’est qu’on ne s’intéresse pas à l’action à moins de se soucier du personnage. Donc, il faut trouver ces moments là et faire en sorte qu’ils soient réels et sincères.

 

Pourquoi une trilogie pour le Hobbit et non deux films comme prévus au départ ?

Philippa Boyens : – En réalité, Le Hobbit est un livre trompeur, très trompeur, car vous pourriez probablement tout raconter en un seul film. Mais si vous faite cela, vous auriez à décider ce qu’il faut laisser de côté. Et dès que vous entrez dans ce questionnement, cela devient vraiment compliqué, car le professeur Tolkien a écrit un livre segmenté. Dans un sens, il conviendrait mieux pour une série télévisée.

Mais non seulement nous avons pris la décision d’inclure la totalité de l’histoire supplémentaire présente dans Le Seigneur des Anneaux (et il fallait donc être en mesure de la raconter) mais nous avons aussi été confrontés à : « Ok, donc, est-ce que l’on garde les araignées ? Et que dire des aigles ?…  » Et puis, parce que chaque séquence est très visuelle, vous commencez à vous rendre compte que vous ne pouvez pas écrire rapidement le passage des géants de pierre. Les géants de pierre tiennent sur seulement deux lignes dans le livre. Comme si Peter Jackson pouvait enlever ce passage ! Non, je ne crois pas… Vous savez qu’il n’attend que ça, de filmer cette scène, car c’est tellement cinématographique, c’est tellement visuel.

Alors, oui. C’est notre excuse, et nous l’assumons. Mais honnêtement, honnêtement, c’est parce que nous voulions continuer à raconter l’histoire. Il y a beaucoup d’histoires entremêlées. Tout se passait bien pour les personnages, nous les avions suivi jusqu’à un certain endroit de l ‘histoire, et soudain nous étions confrontés à l’idée que peut-être nous ne pourrions pas suivre Gandalf quand il les quitte. Et on se disait : « Oh ! Nous voulons vraiment le suivre ».

 

Le troisième film du Hobbit fera-t-il un lien avec Le Seigneur des Anneaux ?

Philippa Boyens : – Non, nous n’avons pas parlé de cela, bien qu’il existe des passages qui selon moi sont reliés à La Communauté de l’Anneau, si on prend le temps de regarder (…) mais il faut essayer de ne pas trop en faire. Désormais nous connaissons Balin, ce qui rend son histoire émouvante. Dans la Communauté de l’Anneau vous découvrez qu’il est mort quand ils arrivent devant sa tombe et c’est très émouvant, je pense que ça va toucher les gens. Et Bilbo ! à présent, lorsque vous reverrez Bilbo Sacquet dans La Communauté de l’Anneau, le personnage est si différent, je pense.  Vous le verrez autrement désormais.

 

De quoi parle la scène tournée aujourd’hui ?

Philippa Boyens : – Ça se passe durant le troisième film. Je pense qu’il s’agit du passage le plus sombre. Chaque bataille doit avoir ce genre de moment. La scène a été écrite assez récemment et en substance le fait est que nous adorons les Hobbits car ils sont surprenants. Ils sont très pragmatiques, très réalistes.  Il s’agit juste d’un petit hommage à Sam Gamgee , mais nous avons aimé l’idée de cette vision “Hobbit-esque”, et que sa seule façon d’appréhender la situation soit : « Oui, nous sommes face à la mort. Tout cela nous arrive… » mais qu’il refuse de désespérer.

Il a un côté très pragmatique et concret qui est « J’ai amené ce gland avec moi, j’ai toujours imaginé que j’allais le planter dans mon jardin et maintenant, je sais que je ne vais jamais le planter dans mon jardin ». Alors il fait la seule chose qu’il peut faire et il le plante là, dans l’espoir qu’il grandira. Nous avons aimé cette idée, parce que le professeur Tolkien lui-même partageait cette sensibilité à propos des arbres, il avait une forte affinité avec eux.

 

Dans le livre, Bilbo est assommé dès le début de la bataille, allez-vous adapter cette partie ?

Philippa Boyens : – En effet, cette partie n’est pas très exploitable pour un film, n’est ce pas ?  donc il prendra part au combat, et contrairement au livre il aura un rôle bien précis durant la bataille. Mais à un moment donné, oui, il sera assommé. Je pense que c’est très important qu’il le soit, car lorsqu’à son réveil il découvre ce qui s’est passé et ce qui a été perdu, c’est assez puissant.

 

Cette histoire est bientôt terminée, mais il y a d’autres histoires que les fans souhaitent voir à l’écran, comme Le Silmarillion et autres. Avez-vous des plans pour explorer d’autres livres du professeur Tolkien ?

Philippa Boyens : – Avec tout mon respect non. A la base c’est Guillermo Del Toro qui devait réaliser Bilbo Le Hobbit. Et j’aurais aimé voir sa version. Cela aurait été merveilleux de voir son travail. C’est un cinéaste extraordinaire et j’aurais vraiment aimé voir ce qu’il aurait fait. Il aurait été très différent, mais ça aurait été magique je pense. Et j’ai hâte de voir Pacific Rim ! Vous savez, cet univers ne nous appartient pas, nous ne sommes propriétaires de rien. Je serais ravie de voir d’autres esprits, d’autres mains, d’autres imaginations créatives venir en Terre du Milieu. Et je suis certaine que ce ne sera pas le dernier Hobbit ou le dernier Seigneur des Anneaux. Je suis sûr que quelqu’un d’autre racontera ces histoires.

 

Comment avez-vous accueilli les critiques du premier volet du Hobbit ?

Philippa Boyens : – Je ne sais pas. Vous devez avoir la peau épaisse, un minimum. J’aurais été plus surprise si le film avait fait l’unanimité, du genre : « Oh, c’est le plus grand film jamais réalisé ». Après avoir fait Le Seigneur des Anneaux, on attends de vous que vous fassiez encore mieux. vous devez vous élever au-dessus de votre propre succès, alors si vous vous rendez hermétique aux réactions des gens face à votre travail, vous vous coupez de tout, des bonnes comme des mauvaises choses. Donc, vous savez, certaines personnes n’aiment pas le film et je comprends. Je pense que je serais plus inquiète si les fans avaient été massivement déçus. La bonne chose c’est que les réactions ne ralentissent pas, les messages continuent d’arriver et ça fait plaisir.

 

– Fin de l’interview –

Retour vers le journal de Benjamin sur le tournage du Hobbit

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