Exclusivité : Interview de Tim Tolkien, sculpteur [VF]
À l’occasion de l’annonce officielle du projet de mémorial dédié à J.R.R. Tolkien, l’équipe de Tolkiendrim a obtenu, en exclusivité, une interview du sculpteur Tim Tolkien. Nous avons ainsi eu l’opportunité de lui poser de nombreuses questions à propos de son grand-oncle, de son travail, et de ce projet de stèle au Pembroke College.
Un grand merci à Piotr Galeziak et à William Badger pour avoir rendu possible cette interview.
Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir que nous en avons eu, à découvrir les confidences à la fois de l’artiste et du petit neveu de J.R.R. Tolkien !
Tolkiendrim : Avez-vous déjà rencontré votre grand-oncle ? Et si oui, quels souvenirs gardez-vous de lui ?
Tim Tolkien : J’avais 11 ans en 1973, lorsque mon grand-oncle est mort, alors j’ai eu de nombreuses occasions de le rencontrer, même quand j’étais tout petit. Je garde ma toute première carte d’anniversaire, signée Grand-Oncle Ronald et Grand-Tante Edith, comme un cadeau précieux.
Ronald était le frère aîné de mon grand père Hilary, et comme ce dernier ne savait pas conduire, nous avons souvent eu l’occasion de faire la route ensemble pour aller voir Ronald et Edith lorsqu’ils vivaient sur la côte sud, ou plus fréquemment à Blackminster, près de Eversham, à une heure au sud de Birmingham. Là bas se trouvait la maison de mon grand père, et c’est là où mon père et ses deux frères ont grandit. C’était une petite propriété, d’à peine 2,5 hectares, avec des vergers de pommes, de prunes, de poires, et des asperges, une spécialité locale.
Ce sont les anniversaires marquants, à la fin des années 1960 / début des années 1970, dont je me souviens le plus, durant les dernières années de la vie de Ronald et d’Hilary. A cette époque, Il commençait a être reconnu mondialement pour ses écrits, bien que cela ne signifiait pas grand chose pour moi, mes frères ou mes cousins. Les adultes qu’il fréquentait se disputaient un peu sa compagnie, mais il s’arrangeait toujours (accidentellement ou à dessein, je ne sais pas), pour se retrouver tout au bout de la table des adultes et proche de la notre, et passait le plus clair de son temps à parler et à plaisanter avec nous pendant le repas. Pour nous, il était un vieil homme passionnant et très gentil, qui s’intéressait vraiment à nos conversations.
Tolkiendrim : Pourriez vous nous le décrire en trois mots ?
Tim Tolkien : Grand-Oncle Ronald. 🙂
Tolkiendrim : Nous supposons que vous connaissez très bien ses histoires. Laquelle préférez vous, et pourquoi ?
Tim Tolkien : C’est plutôt connu dans certains cercles – et cela suscite toujours beaucoup d’incrédulité – que Je n’ai jamais vraiment lu les livres de mon grand-oncle. Je n’ai jamais vraiment pris le temps, ni trouvé que le fait de lire pour le plaisir soit agréable. Si quelqu’un me fait la lecture, c’est tout à fait différent. Le Hobbit était sur la liste de lecture de l’école, quand j’avais une douzaine d’années, et j’ai réussi à le lire. Ensuite je me suis plongé dans les plus petits livres, comme le fermier Gilles de Ham, mais je n’ai jamais lu le Seigneur des Anneaux, le Silmarillion ou n’importe quel autre texte qui s’y rapporte. Ce n’est pas une opinion sur sa qualité d’écrivain, il s’agit de moi en tant que lecteur : il a écrit, mais je ne lis pas !
Tolkiendrim : Avez-vous malgré tout un personnage favori ? Et pourquoi ?
Tim Tolkien : Je ne connais pas suffisamment les personnages principaux pour en avoir de préférés. Bien sur, j’ai vu les films du Seigneur des Anneaux, mais là, il y a une interprétation particulière d’artistes qui s’y rajoute...
Certains portraits sont à la fois universels et familiaux, et évidemment quelques membres de la famille se sont parfois reconnus eux même, ou entre eux, dans un personnage en particulier. Mais bien sur, il serait déloyal de ma part de raconter lequel d’entre eux pensait qui ressemblait à qui..
Je crois que ma préférence est d’un autre ordre. Je ressens un intérêt et une affection toute particulière pour les Ents.. (J’ai mené des recherches sur eux, j’ai beaucoup lu sur leur histoire, et j’ai essayé de comprendre leur tempérament, pour m’en inspirer afin de concevoir la statue d’un Ent à Moseley). Sylvebarbe fait partie de cette ancien ordre naturel, très fortement inspiré de ce que je retiens de la vie de mon grand-oncle et de mon grand père, et notamment de l’évolution de la société rurale vers l’industrialisation à la fin du 19e siècle.
J’ai également toujours aimé les dragons, grands ou petits, bons ou méchants, et je crois à tous les dragons. J’ai peint quatre énormes dragons sur le plafond de ma chambre quand j’étais enfant. Ma chambre se trouvait juste sous le toit, alors j’avais des plafonds en pente. Je la partageais avec mon frère Nic. Maman avait plus ou moins donné son accord, mais je ne savais pas si je pouvais vraiment la croire. Alors un matin, j’ai attendu qu’elle sorte pour une grande promenade avec les chiens, pour tracer rapidement les contours du premier – un dragon violet et vert avec des flammes qui sortaient de ses narines, et qui plongeait tête la première dans la chambre – de telle façon qu’à son retour il serait trop tard ! Mais elle n’a rien dit, bien sur, et je l’ai terminé, et peint les 3 autres les semaines suivantes. C’est la raison pour laquelle je ne peux qu’inclure Smaug dans mes personnages préférés.
Et si je devais choisir dans les personnages principaux, je dirais Gandalf. Si nous, membres de la famille Tolkien, sommes des Hobbits, alors il nous faut un coup de main de temps en temps, une sorte d’ange gardien en cas de besoin.
Tolkiendrim : Qu’est-ce qui vous a conduit à travailler dans le monde de l’art ?
Tim Tolkien : Je suis persuadé que mon inclination naturelle vers les arts est à la fois innée et acquise. Mes deux parents étaient des artistes à leur manière ; Ils se sont rencontrés à la BBC à Londres. Mon père était ingénieur du son, et ma mère maquilleuse. Elle avait précédemment travaillé comme décoratrice, et mon père était un peintre amateur passionné et un photographe.
Ils m’ont toujours beaucoup encouragé à dessiner, et à créer. Il y avait toujours des papiers brouillons à disposition, (des textes d’émissions récupérés de la BBC), pour qu’on puisse dessiner autant que nous voulions. J’aimais fabriquer des objets avec du carton et tout ce que je pouvais trouver, des armures en boites de céréales, des voitures pour mes jouets, en passant par des jeux d’échec en papier. Mais je n’ai jamais considéré cela comme de l’art.
L’Art, c’était peindre et dessiner, ce que j’ai beaucoup pratiqué tout au long de mon enfance. Je pouvais dessiner tout et n’importe quoi, et, à l’école secondaire, j’avais créé une petite affaire en vendant des peintures de locomotives à vapeur pour les professeurs !
J’ai bien sûr progressé au fil de mon parcours scolaire, puis je suis allé à l’université étudier les beaux arts. C’est seulement à ce moment là, que, frustré par la pauvreté des échanges entre mon tuteur et moi, je suis passé à la sculpture, en me servant de toutes mes connaissances personnelles en modélisme, et depuis, je ne l’ai jamais regretté !
La toute dernière pièce que j’ai fait pour mon exposition de fin d’année à l’université, était en métal. Acier soudé, aluminium, plomb et bronze, rassemblés avec des boulons, des rivets, et même reliés avec des câbles en cuivre. Quand je suis entré dans le « monde réel », la nécessité de créer des œuvres d’art solides et permanentes m’a conduit à choisir l’acier soudé comme matériau principal.
Tolkiendrim : Pourquoi avoir choisi la sculpture au lieu d’une autre forme d’art ?
Tim Tolkien : J’ai eu de la chance car, dès la fin de mon école d’art, j’ai été remarqué par une galerie. J’ai alors sélectionné quelques unes des sculptures de mon exposition de fin d’année et je les ai exposées dans un manoir victorien reconverti en galerie, appartenant à Nicholas Treadwell. Ce dernier m’a également prêté un studio en remerciement de mon aide dans la gestion de la galerie et j’ai commencé à créer des sculptures en métal riveté, avec des objets trouvés ou parfois en pierre et en bois. Toutes sont à vendre dans de grandes expositions d’art internationales. Même si je vends désormais rarement mes sculptures par le biais de la galerie — la plupart étant réalisées sur commande — Nick, qui vit actuellement en Autriche, à Linz, est resté un bon ami.
Au début des années 90, j’ai commencé à me lancer dans le marché des commandes publiques de sculptures, plutôt que dans celui, spéculatif, de la vente d’art par les galeries. Même si j’avais vendu presque tout ce que j’avais créé, l’argent que l’on peut en retirer en tant que jeune artiste produisant principalement des pièces uniques, sur mesure, n’était pas suffisant pour me permettre de vivre décemment.
L’art public est très différent de celui du privé. Les œuvres, qui doivent convenir à un public bien plus large, sont souvent conçues après une consultation publique. Leur emplacement doit être étudié, car elles “appartiennent” en quelque sorte à l’endroit qu’elles occupent, et la communauté utilise le reste de l’espace, que ce soit une cour d’école, un rond point ou un open-space publique.
On m’a souvent commandé des œuvres d’art représentant ou commémorant des personnages illustres ou de grandes occasions. C’est toujours un devoir particulier et un privilège. Pour en nommer quelques unes, j’ai commémoré le premier moteur au pétrole, construit à Birmingham en 1895 par l’ingénieur Fred Lanchester (quelques mois avant Karl Benz, contrairement à ce que l’on pense généralement).
Il y a aussi “Sentinel”, la sculpture de Spitfires représentés (à l’échelle 3/2) par des silhouettes d’avions sur des poutrelles évoquant des traînées de vapeur — qui demeure toujours la plus grande sculpture publique des Midlands et témoigne de la construction, dans l’usine adjacente, des 11.000 chasseurs iconiques de la seconde guerre mondiale – et la statue de Saint John Henry Cardinal Newman, bénie par sa Sainteté le Pape Benoît lors de sa visite à Birmingham en 2010, Le mémorial de Tolkien pour l’université de Pembroke s’inscrira dans cette lignée.
Tolkiendrim : Vous utilisez souvent le métal dans vos créations, pourquoi ce matériau ?
Tim Tolkien : Les sculptures publiques doivent être robustes, durables, et résistantes aux dégradations, le tout pour un prix réduit. Ceci nous conduit souvent à choisir de l’acier soudé qui est alors plongé dans un bain de zinc fondu pour le rendre plus résistant. C’est ce que l’on appelle la galvanisation. Ce matériau est le plus utilisé dans les œuvres que j’ai réalisées ces vingt dernières années.
J’ai également incorporé des carreaux de mosaïques vitrées ou de la fonte aluminium et des éléments de bronze, à l’occasion. Ces éléments sont très utiles quand la communauté souhaite s’impliquer directement dans le rendu final, car la pièce originale peut ainsi être modelée dans de l’argile, de la cire ou du plâtre en utilisant de simples outils, voir même les doigts.
Parfois le métal galvanisé est recouvert de spray métallisé pour imiter par exemple le bronze, ou alors peint de nouveau lorsque le projet l’exige.
La structure au Tolkien memorial sera réalisée ainsi, en acier allégé mais enrobé de bronze pour correspondre au buste central.
Tolkiendrim : Quelle est la dernière sculpture que vous ayez réalisée ?
Tim Tolkien : Étrangement, dans les deux ou trois dernières pièces, j’ai pu laisser l’acier rouiller naturellement. J’adore la couleur chaude de l’acier rouillé.
A l’automne dernier, j’ai créé une pièce pour marquer l’anniversaire de la Grande Guerre. Elle représente trois coquelicots géants qui poussent à travers d’immenses bobines de fils barbelés. Le fil déroulé devient la tige de la plante. Cette sculpture fait maintenant partie d’un jardin mémorial d’un parc public à Leamington Spa et le rouge de la rouille s’allie parfaitement au feuillage qui l’entoure, particulièrement durant l’automne.
L’oeuvre que je vient juste de terminer est un petit écart par rapport à mes autres créations : c’est une sculpture “simple”, un gigantesque noeud, comme si un géant avait pris une grande barre d’acier et l’avait pliée et tordue avant de la planter dans le sol. Malgré la simplicité de la structure, la forme représente un sacré défi technique. C’est bien de travailler en dehors de sa zone de confort, de temps en temps.
Cette oeuvre là aussi a été créée pour un jardin près d’un lac, et se teinte aussi d’une merveilleuse couleur rouille rouge orangée.
Tolkiendrim : Avez-vous souvent travaillé sur des créations liées aux œuvres littéraires de votre grand-oncle ?
Tim Tolkien : L’héritage de Tolkien m’a accompagné tout au long de ma carrière, et s’est parfois révélé à double tranchant. Quand il était encore en vie, mon grand oncle montrait toujours un vif intérêt pour mes peintures, et m’avait offert de m’aider financièrement pour mes études d’art. Malheureusement il n’a pas pu le dire à qui que ce soit avant son décès.
Une fois mes études terminées, alors que j’essayais de me faire connaître et de présenter mes œuvres, j’étais toujours introduit comme étant “Tim, petit neveu de…”. Mais la simple mention du nom m’a ouvert bien des portes, alors je ne peux pas me plaindre !
On me demande parfois de donner mon opinion sur des histoires de famille et sur les écrits de mon grand-oncle, et particulièrement sur les films. Je n’ai pas l’impression de pouvoir ajouter grand chose au débat, mais j’ai eu le privilège de travailler sur quelques pièces en son honneur dans les environs de Birmingham, où lui et mon grand-père ont grandit, et aujourd’hui sur cette pièce à Oxford, où il a conduit ses études, enseigné et écrit.
Plus tôt dans ma carrière j’ai souhaité prendre mes distances avec tout ça, principalement car j’en savais moins sur ses écrits que la plupart de ceux qui pourraient voir mes œuvres. Mais quand je suis revenu dans les Midlands, il m’a semblé en quelque sorte plus approprié de pouvoir rendre hommage à mon grand-oncle à travers mes sculptures.
La première d’entre elles a été créée pour la pièce centrale d’un pub à Moseley. Il y a quelques pubs dans cette ville et dans Birmingham qui sont liés à Ronald, mais il s’agissait d’un nouvel établissement qui souhaitait marquer son attachement à l’univers de la Terre du Milieu. Ma sculpture monte du plancher au plafond, au centre du bâtiment, et comprend du feu, des anneaux, des bas-reliefs, le tout surmonté d’une tête de dragon crachant des flammes, accrochée au plafond. Ironiquement, le pub n’a pas été autorisé à prendre le nom “The J.R.R Tolkien” et a donc été nommé en l’honneur d’une autre célébrité locale, “The Elizabeth of York !”
Tolkiendrim : Qu’en est-il de la sculpture de Sylvebarbe en l’honneur de J.R.R. Tolkien que vous deviez faire à Birmingham ? Avez-vous rencontré des difficultés dans le processus créatif et avez-vous des anecdotes à partager avec nous?
Tim Tolkien : Beaucoup de gens pensent que j’ai effectivement créé cette sculpture de Sylvebarbe parce qu’ils ont « vu la photo dans l’article » ; hélas, cela n’est pas le cas. L’article dans le Birmingham Post était un photomontage que nous avions fait avec la maquette.
La commande a été passée en 2005 et nous avons tenté pendant de nombreuses années de réunir les fonds pour le projet, mais alors que nous avions pourtant quelques supporter très enthousiastes, nous n’avons pas pu rassembler ce dont nous avions besoin, de telle sorte que le projet a été mis en attente.
Curieusement, il y a eu un regain d’intérêt au cours des derniers mois. Un nouvel emplacement a été suggéré, dans un parc «secret» et magique, loin des routes et des maisons, où un Ent peut marcher librement parmi ses frères.
Nous ne disposons toujours pas des fonds necessaires, mais nous nous intéressons au financement participatif : Peut-être que certains en France y trouveront un certain intérêt ?
Si quelqu’un veut contribuer en faisant un don à la cause ce serait fantastique. Nous aimerions également produire en édition limitée, la miniature de l’Ent de Moseley, et peut-être le rendre disponible à la vente à la grande communauté du monde de Tolkien. Les fans sauraient que l’achat de cette miniature aiderait à la production en taille réelle de ce symbole emblématique, en l’honneur de mon grand-oncle, au sein d’un paysage qui aurait pu l’inspirer.
Tolkiendrim : Parlons du projet du Pembroke Collège , pouvez-vous nous dire comment vous avez été amené à y travailler ?
Tim Tolkien : J’ai été contacté par la chambre des étudiants du Pembroke College. Les membres du comité commémoratif voulaient savoir si j’étais intéressé. En ce qui concerne ce projet, les consignes étaient très succinctes.
Nous avions presque carte blanche sur le design, l’oeuvre devant simplement respecter le caractère historique [du collège] qui fait parti du patrimoine. J’étais un peu déçu que la demande soit formulée ainsi, parce que cela voulait dire que toute la conception reposait sur de la spéculation.
Je préfère un processus de recrutement dans lequel sont sélectionnés un petit nombre de candidats sur la base de la qualité de leur travaux et de leur réputation, puis qui sont payés pour développer leurs idées, avant la sélection finale. Cela me semble beaucoup plus juste que d’attendre qu’un grand nombre d’artistes produisent un concept de A à Z, en se basant sur de simples hypothèses.
Heureusement, mes intuitions se sont avérés justes, et ils ont tous aimé mon projet.
Tolkiendrim : Nous avons vu les plans que vous avez dessinés. est-ce que vous avez eu carte blanche, ou ont-ils été plus directifs ?
Tim Tolkien : L’ensemble de mon projet était de laisser les illustrations de J.R.R. Tolkien raconter sa propre histoire. Nous célébrons ses compétences littéraires, mais ses dessins et illustrations à l’aquarelle, ses cartes et son style calligraphique faisaient aussi partie de sa vision, et c’est ce qui rend ses récits si profonds.
Beaucoup d’artistes ont essayé de donner leur propre interprétation de la Terre du Milieu, du Comté, des personnages, mais pour nous, il s’agissait de célébrer le monde créé par Tolkien, et non pas celui décrit par d’autres.
Il y a aussi quelque chose qui m’a toujours frappé dans l’oeuvre de mon grand-oncle c’est qu’elle était très marquée par l’époque dans laquelle elle a été écrite, son époque.
Les références au design des années 1920 et 1930 abondent dans ses illustrations et les enracinent dans cette période de l’entre-deux-guerre où les histoires sont intemporelles
Au centre de mon projet, il y a un buste de JRRT en bas-relief. A l’arrière plan, on peut voir sa bibliothèque et le bureau où il écrivait. Conformément à la tradition, le portrait se présentera sous une forme ovale, d’abord modélisé en plâtre et argile, avant d’être moulé au sable de bronze. Le cadre sera en acier, mais j’utiliserai du métal chaud qui sera ensuite recouvert de bronze, comme je l’ai mentionné auparavant.
Les lignes horizontales des étagères de livres se confondent avec les champs et les collines du Comté et les montagnes de la Terre du Milieu, de la même manière que ses mots relient le monde imaginaire au caractère sacré de son étude.
Tolkiendrim : Avez-vous commencé à travailler sur la réalisation du mémorial ?
Tim Tolkien : Je suis seulement au tout début de la réalisation(¹) […] Je veux faire le buste en premier, parce qu’il donnera la mesure du cadre ; tous les détails vont rayonner à partir de là.
Pour obtenir un portrait aussi précis que possible, je me suis rendu à la Bodleian Library à Oxford pour consulter dans leurs archives les photographies léguées par ma famille, idéalement du milieu à la fin des années 1930, à l’époque où le livre le Hobbit est sorti.
Tolkiendrim : Pouvez-vous nous en dire plus sur sa forme définitive ?
Tim Tolkien : Je souhaite que le résultat final soit très proche de mon idée d’origine, et de la maquette 3D que j’ai réalisée au printemps dernier. Peut-être en avez vous vu une photographie ?
L’un des éléments importants, a été la nécessité pour cette oeuvre d’être complémentaire de la plaque de Samual Johnson (²) qui se trouve sur le mur opposé, et juste en dessous des fenêtres des chambres que Tolkien a occupées pendant qu’il était à Pembroke.
Tolkiendrim : Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions !
Tim Tolkien : De rien, j’espère vous avoir aidé, et je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de raconter cette histoire.
Tim Tolkien. Août 2015
(¹) – L’interview datant d’août 2015 il est fort probable que le projet ait évolué depuis
(²) – S. Johnson (1709-1784) est l’un des principaux auteurs de la littérature britannique. A 19 ans Johnson est accepté au Pembroke College, comme étudiant roturier. Écrivain et érudit, auteur – entre autre – de the Lives of the Poets, il fut l’un des critiques littéraires les plus réputés d’Angleterre.
Ping :Exclusivité : Interview de Tim Tolkien, sculpteur [VF/VO] | TOLKIENDRIM