[Dossier spécial] Le Seigneur des Anneaux Online souffle ses dix bougies – Partie I
Le Seigneur des Anneaux Online atteint enfin l’âge symbolique de 10 ans. C’est l’occasion pour nous de nous replonger rétrospectivement dans ses premiers jours.
Annoncé début 2003 et connu sous le sobriquet : Middle-earth Online , LOTRO commence son développement doucement, diffusant quelques rares images, ça et là, jusqu’à ce qu’en 2005 le projet prenne enfin le nom qu’on le connaît aujourd’hui : Le Seigneur des Anneaux Online. Il est développé par Turbine et publié par Codemasters, deux équipes qui se connaissent déjà et qui ont travaillé ensemble sur Asheron’s Call, un MMORPG lancé en 1999, qui a fermé ses portes très récemment en janvier 2017. Il prend en 2006 le sous-titre : Les Ombres d’Angmar et, après une certaine attente, le voici qui débarque le 24 avril 2007. Ouverts au monde entier, les serveurs sont prêts à accueillir de nouveaux héros impatients de parcourir la Terre du Milieu comme ils ne l’avaient jamais fait avant.
LOTRO reçoit alors de très bonnes critiques de la part de la presse internationale, crédité d’un 15/20 chez Jeuxvideo.com ou encore d’un 8.7/10 chez Jeuxonline.com. Quant aux joueurs, ils lui octroient quelques points supplémentaires avec un joli 17/20 en moyenne.
Mais il est temps d’abandonner la presse, de rejoindre la file d’attente et de nous impatienter pour entrer en jeu. Le Seigneur des Anneaux Online propose plusieurs formules : un abonnement mensuel pour 14.99 $, ou à vie pour un montant de 199 $. La possibilité d’acheter du temps de jeu s’effectue sur le site internet, ou via des cartes prépayées.
Il y a 32 serveurs différents pour se connecter, mais seuls deux d’entre eux sont alloués à la France : Sirannon, un serveur dit « classique » et Estel un serveur « Role Play ». Celui-ci sélectionné, nous voici sur le menu de création de personnages. Nous avons le choix entre quatre races : les Elfes, les Hommes, les Hobbits et les Nains.
À noter que, mis à part pour ces derniers, nous avons accès aux deux sexes. Impossible donc de jouer « une petite barbue ». Certains y verront une arnaque, d’autres une référence bien trouvée aux Naines, quasi inexistante dans les œuvres de Tolkien et que les hommes confondraient certainement avec des Nains.
Visuellement, le character-design laisse un peu à désirer. Certaines races, comme les elfes, sont peu harmonieuses, mais qu’importe, tant que la coiffure est belle, tout va bien. Après tout, nous ne verrons le personnage que de dos durant la majeure partie du temps.
Si le jeu nous donne le choix entre 7 classes, celles-ci ne sont néanmoins pas accessibles à l’ensemble des races. Il n’est pas surprenant, en effet, qu’en sélectionnant un Hobbit, par exemple, il nous est impossible d’incarner un Capitaine, guerrier massif brandissant une gigantesque arme à deux mains.
Les classes vont comme suit :
Le Gardien : Avec un bouclier et d’une arme à une main, il se voit attribuer la lourde tâche d’encaisser les dégâts à la place de ses compagnons. Il porte de lourdes armures pour le protéger au mieux et ses capacités sont centrées sur le fait d’attirer l’attention des ennemis. Il est ce qu’on appelle communément un « Tank ».
Le champion inflige de nombreux dégâts grâce à ses deux armes à une main. En première ligne, il se voit cependant obligé de porter une armure lourde. Son rôle principal est d’attaquer un maximum d’ennemis à la fois, afin de faire baisser leurs points de vie, et d’interrompre leurs attaques. Il est là pour les harceler constamment, et il le fait bien. Son implication au combat est comparable a la détermination de Sam dans le récit.
Sans surprise, le capitaine est le pilier du groupe. Il sert principalement à attribuer des bonus à ses alliés mais également à préserver leur moral. Cela fait de lui un excellent soutien même si ses attaques avec son arme à deux mains et son armure lourde sont moins efficaces que celles des autres combattants au corps à corps. Du fait de son charisme, il peut invoquer un Héraut, personnage non-joueur appelé « pet » (c’est un mot anglais pour dire Animal de compagnie, ou Familier, toute tentative d’humour sur les flatulences est proscrite) à qui il peut assigner un rôle au combat : à distance ou au corps à corps.
Le ménestrel : Une des classes les plus singulières dans son design (peut-être moins dans ses mécaniques) et qui représente le mieux l’univers de Tolkien, le ménestrel redonne du moral au groupe en jouant de la musique. Rares sont les jeux nous permettant d’incarner des musiciens qui combattent sur le front ! Vêtu légèrement, il se tient le plus éloigné possible des ennemis, ’est une véritable chips (il faut comprendre qu’il possède une défense ridicule). Cependant, il doit rester à portée de ses alliés car il est celui qui les soigne le mieux. C’est le « healer » du groupe. Désolé pour nos amis anglophobes, le MMORPG est un genre qui n’en a cure.
Le maître du savoir : Surement la classe la plus fantaisiste par rapport à l’œuvre de départ, le maître du savoir est un véritable mage (inspiré des Istari ?), voire même un druide, faisant appel aux forces de la nature pour mettre à mal les ennemis, les entravant grâce à des racines, en les étourdissant, etc. Il est ici comme Healer (Soigneur) mais également comme soutien, car son rôle est de maintenir le moral du groupe, tout en supprimant les effets négatifs infligés à ses alliés. Physiquement faible, il se tient loin de la ligne de front. Il est aidé en combat par un animal, oiseau, ours, parmi tant d’autres…
Le cambrioleur : Surement inspiré d’Arsène Lupin, c’est la seule explication probable, le cambrioleur est un petit malin furtif qui profite de ses capacités d’infiltration pour surprendre ses ennemis, les assommer et puis les affaiblir un maximum. Bien que peu résistant aux affrontements prolongés, il possède tout un arsenal d’objets lui permettant de renverser l’adversaire ou de l’étourdir pour recommencer ses assauts forcenés.
Le Chasseur : Joué principalement à distance, mais non sans défense au corps à corps, le chasseur est la lame d’un groupe. Disposant du plus gros DPS « Dégâts Par Secondes » (en gros c’est celui qui tape le plus fort), il est chargé d’asséner tout ce qu’il peut aux ennemis occupés par ses compagnons « Tanks ». Il possède également de nombreuses capacités de « Crowd Control » (contrôle des foules) pour permettre au « Tank » et au « Healer », de souffler un peu.
Terre du Milieu, nous voilà!
Après avoir choisi une combinaison de classe et de race, ainsi qu’un nom à notre personnage, nous plongeons enfin dans la Terre du Milieu. Après une brève cinématique, nous voici dans une « instance », moment figé dans la progression du jeu, dans lequel aucun autre joueur ne peut pénétrer. Propre à chaque race : Un raid sur un village elfe, une exploration de mine en compagnie d’Elladan et Elrohir pour les Nains, un assaut en compagnie d’Aragorn pour les Humains, ce premier passage sert de tutoriel pour expliquer les mécaniques de jeu.
Le joueur peut profiter de cette zone d’instance pour lire calmement les nombreuses fenêtres d’explications inhérentes aux MMORPG, voire même se référer au manuel de jeu. On remarque ainsi les mécaniques, très classiques dans le genre : Le « tab targeting » (Ciblage avec la touche Tabulation) et les compétences dans une barre, intelligemment nommée : Barre de compétences. Le gameplay est lent et peu énergique. Ceci donne une mauvaise première impression, sachant que les animations sont également assez rigides et les sons d’impacts assez peu convaincants. Mais courage ! Le jeu est lancé depuis peu, et la musique, la mise en scène et l’ambiance définitivement Tolkienienne nous poussent à continuer !
Très vite, n’importe quel joueur remarquera que le design est assez différent de celui des films de Peter Jackson. Le jeu est basé sur la licence des livres du Seigneur des Anneaux ! Un petit tour au dos de la boîte du jeu et on aperçoit le logo « Middle-earth » et non pas Lord of the rings ou Seigneur des Anneaux. Si certains designs peuvent paraître étrangers aux yeux de certains, l’ambiance reste malgré tout familière. De plus, les développeurs (ou les graphistes) ont apporté un certain soin aux décors, les panoramas sont encore très jolis à contempler.
Passé cette introduction instanciée, nous voici lâchés dans… Une autre instance ! Cette fois-ci, en revanche, tous les avatars sont visibles, en fonction de leur race et au-dessous d’un certain niveau, et les interactions sociales sont désormais possibles. Serait-ce une référence aux premiers chapitres du Seigneur des Anneaux, qui mettaient à l’épreuve les plus courageux des lecteurs, ou une volonté délibérée de ne pas noyer le néophyte sous les informations ? À vous de trancher.
Toujours est-il qu’il est légèrement frustrant de ne pas pouvoir courir jusqu’à Bree avant d’avoir effectué toute une suite de quêtes. Si nombre d’entre elles sont des quêtes « Fedex » — va me chercher ceci, va tuer cela — une partie se démarque par une immersion certaine. On ne se sent pas plus hobbit que lorsque l’on doit éviter des petits gourmands tandis qu’on livre des tartes ! Il est également nécessaire de suivre le Livre Épique : une série de quêtes que l’on peut qualifier de trame principale permettant de croiser bon nombre de visages connus : Gandalf, Aragorn, Elrond, etc. Si l’on ne suit pas directement la quête de l’anneau unique, on se sent véritablement comme cet éclaireur qui ouvre la voie ou ferme la marche de celle-ci.
Libre comme l’air !
Passé le niveau 10, nous sommes ainsi libres de voyager comme il veut et où il veut. Il est passionnant de s’attarder dans des recoins de la Terre du Milieu qui nous étaient jusqu’alors inconnus, comme le Forochel enneigé, l’Ered Luin infesté de gobelins ou encore le sud de Bree et son marécage. Le joueur progresse ainsi à sa guise, suit les quêtes et le Livre Épique jusqu’au niveau 20 environ sans manquer d’aller dire bonjour à Tom Bombadil. À ce niveau du jeu, former une communauté (un groupe de joueurs) devient intéressant et important, notamment à cause de la présence d’instances (plus connu sous le nom de Donjons) à la difficulté croissante et nécessitant un groupe pour être terminé. Le joueur met enfin à profit ses premières heures d’entraînement, durant lesquelles il a appris à maîtriser sa classe.
Il est également possible de faire des « manœuvres de communauté ». Basiquement, en combat, des actions sont déclenchées par tous les membres du groupe simultanément. Chacun effectue une combinaison particulière, en cliquant sur un menu approprié, ce qui entraîne alors des attaques coordonnées spécifiques. La coopération entre les joueurs est de mise.
Voilà plusieurs heures que nous sommes en jeu et une petite pause du combat serait la bienvenue : c’est le moment idéal pour s’intéresser au « craft » (fabrication d’objets). Rien de bien révolutionnaire, nous nous trouvons en territoire connu pour tout joueur de MMORPG. Plusieurs métiers sont disponibles, comme prospecteur de matières premières, joailliers (pour la création de bijoux ajoutant des bonus de statistiques), cuisiniers (la nourriture servant à redonner du moral hors combat, le moral étant les « points de vie ») ou encore forgeron. La recherche de filons dans des zones pas toujours très fun à traverser, ou l’attente devant un menu tandis que se remplit la barre de progression durant la création d’un item, sont un autre point noir du jeu. Toutefois, ce sont des moyens rapides de gagner de l’argent, notamment grâce à l’hôtel des ventes ou aux échanges directs entre joueurs.
De la viande fraîche au menu
Et si nous retournions au combat, mais en essayant autre chose ? Puisque nous ne sommes pas d’assez haut niveau pour combattre en « JcJ » (Joueur contre joueur), nous pourrions créer un autre personnage dans la faction adverse et regarder ce qu’il se passe du côté des orcs crasseux ? Attendez… Vous pensiez qu’il était impossible de jouer un Orc ou un Uruk-Haï ?! Et bien si : Mais pour cela nous devons nous rendre dans les grandes villes près d’une stèle spéciale et nous y plonger à corps perdu ! Et voici que se déroule devant nos yeux ébahis un second menu de création de personnages, à l’ambiance macabre. Inaccessible via le menu principal, c’est ici que nous pouvons créer un Mauvais : un « Joueur Monstre ». Les classes sont plus ou moins identiques à celles que nous connaissons déjà, mais chacune d’elle est liée à une apparence, un Warg ne peut être archer par exemple. Hé ! il nous est interdit de choisir le nom de notre méchant ! C’est très déconcertant, mais pas le temps de niaiser, nous voici propulsés en jeu.
Déception ici, il n’y a qu’une seule zone de jeu disponible : les Landes d’Etten. En revanche nous voilà propulsés au niveau maximum, 50. L’intention des développeurs est claire, nous n’avons jamais été destinés à incarner des méchants, nous nous contentons d’en prendre le contrôle. Leur implication en Terre du Milieu est volontairement minime, car la cohérence est au centre du jeu, et voir une araignée et un Uruk en plein Bree danser avec un Hobbit n’est pas ce que veulent les développeurs. L’objectif est simple : former un « raid » (grande communauté allant jusqu’à 24 joueurs maximum) et aller manger de la chair humaine ! Si notre personnage est faible au début de notre aventure, c’est qu’il doit effectuer des quêtes pour progresser et gagner des capacités déverrouillables avec une monnaie semblable à « l’honneur » des autres MMORPG. Cette touche JcE (Joueur Contre Environnement) est à la fois un bon et un mauvais point, car cet ajout fera fuir autant de joueurs qu’elle n’en retiendra. Les méchants sont plus faibles que les « héros », les développeurs ont la volonté d’inciter les joueurs à former des vagues d’assauts d’orcs fondant sur des petits groupes de héros capables de les tenir en respect. Si ce déséquilibre est voulu, c’est probablement l’une des raisons de la désertion de ce mode de jeu par les joueurs Monstres, leur seul moyen de lutter étant de voler et de tenir des forts ennemis. Si l’expérience est globalement très sympathique, il faut avouer que l’optimisation du jeu n’étant pas des meilleures, les affrontements de masses mettront à mal les machines les plus modestes, sans parler de la latence qui peut ruiner pas mal d’instants intenses.
Sortons du mode PVMP (player versus Monster Player) et dirigeons-nous vers l’une des fonctions les plus uniques du jeu : la musique. Il est possible d’acheter des instruments divers et variés : tambourins, cor, flûte, luth… et de jouer des notes grâce au pavé numérique, chacune d’elle étant allouée à une touche. À noter que les ménestrels ont accès à des instruments légèrement différents. Ainsi, à Bree, au détour d’une ruelle, on peut croiser deux joueurs improvisant (avec plus ou moins de succès) une petite mélodie. De plus, en ajoutant une mélodie sur un fichier texte dans ses fichiers de jeu, il est possible de la jouer d’une traite en tapant une seule commande en jeu. Ainsi nous pourrons écouter le thème de Pirate des Caraïbes à la flûte ou encore du Metallica au Luth. Mais la communauté ne s’arrête pas là, grâce à cette fonctionnalité, de nombreuses formations musicales se sont créées et il n’est pas rare de voir sur la scène de Bree ou d’autres scènes dans le monde … Un concert ! Oui, avec la possibilité de synchroniser plusieurs instruments et personnages en une commande, nous avons droit à des concerts allant de 2 à 12 musiciens ! Et l’on se surprendra à taper un /applaudir et à regarder son personnage soutenir les musiciens virtuels.
Hobbit jusque dans les chaussures
Voilà autre chose d’intéressant : nous sommes sur le serveur Estel, dit « Role Play ». Et partout autour de nous, de nombreux joueurs discutent entre eux, ou du moins, avec les avatars des autres joueurs ! Le « Role play » est un des éléments les plus vivaces de LOTRO. Il est fréquent de voir des joueurs blablater sur la couleur de leurs vêtements au Poney Fringant, ou encore comparer de la qualité d’une lame dans la guilde des artisans. Quoi de plus génial que de parler avec un hobbit sur sa présence dans l’Ered Luin et de le recroiser quelques jours plus tard en Fondcombe. Quel régal d’engager une discussion de retrouvailles ! Les événements Role Play organisés par les joueurs sont légion… Des mariages aux courses à pieds, jusqu’aux sauvetages d’un joueur perdu dans une région éloignée… Les role players ont une imagination débordante et c’est un plaisir d’y participer. Si toutefois on ne se sent pas à l’aise dans cet exercice, avec le lore notamment, écouter des role players impliqués est tout aussi sympathique.
Mais pour beaucoup atteindre le niveau maximal n’est que le début de l’aventure, et effectivement, il nous reste beaucoup à découvrir…