Les appendices du Seigneur des Anneaux, source de la future série ?
Avec l’annonce de la sortie future d’une série adaptée du Seigneur des Anneaux, il est temps de s’intéresser à ce que l’on pourrait potentiellement y trouver. Petit retour sur les appendices.
Parmi les toutes premières informations officielles, le communiqué de presse d’Amazon évoque l’adaptation de récits inexplorés jusqu’à aujourd’hui. Nous savons que les droits du Silmarillion, des Contes Perdus et des Contes et Légendes Inachevées — pour ne citer qu’eux — n’ont pas été vendus, ne restent donc que le Hobbit et le Seigneur des Anneaux.
Pour le moment, rien ne permet de dire précisément quels récits seraient portés à l’écran : l’histoire d’amour entre Aragorn et Arwen, certains évènements de la Guerre de l’Anneau à peine évoqués dans les films de Peter Jackson, ou au contraire des contes beaucoup plus anciens se déroulant au Second âge, voire au Premier âge ?
Il est possible que la réponse à cette question se trouve dans les textes présents à la fin du Retour du Roi. Certains d’entre vous les connaissent peut-être ? Appelés appendices, ce sont ces annexes qui pourraient être exploitées pour la future série.
Voilà une excellente occasion pour vous faire découvrir — ou redécouvrir — cette partie souvent méconnue de l’histoire de la Terre du Milieu !
Au nombre de 6 (A à F), les appendices furent ajoutés à l’occasion d’une seconde publication de la trilogie, dans le but d’éclaircir certaines références à des personnages ou évènements majeurs survenus depuis le Premier âge. Tandis que l’appendice A est le plus important en matière d’informations et de récits, le B présente une chronologie détaillée, depuis la chute de Morgoth jusqu’à l’avènement du Quatrième âge. Les appendices C et D se concentrent sur la culture hobbit (arbres généalogiques, calendriers, etc.) et les deux derniers (E et F) sont consacrés à l’écriture de l’elfique, du nanien (la langue naine), et plus généralement, aux langues parlées à la fin du Tiers âge.
Dans cet article, nous reviendrons principalement sur les textes de l’appendice A. Le contenu des appendices est probablement insuffisant pour permettre à lui seul une adaptation télévisée des Jours Anciens — puisque cette période est essentiellement décrite dans les chapitres du Silmarillion. Cependant, on y trouve suffisamment d’éléments essentiels de l’histoire de la Terre du Milieu pour exploiter tout ce qui conduisit à la Guerre de l’Anneau et au récit de Frodon et Aragorn.
Attention néanmoins à celles et ceux qui liraient le Seigneur des Anneaux pour la première fois en ce moment, puisqu’une partie de ses aboutissements y seront révélés !
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Le premier appendice revient sur les circonstances ayant provoqué la fin du Seigneur noir Morgoth et la chute de sa forteresse Thangorodrim.
Il relate brièvement la guerre menée contre lui par les hommes et les elfes pour la récupération des joyaux Silmarils ainsi que la disparition du continent du Beleriand sous la mer, qui marqua le terme du Premier âge.
En cette époque de grands bouleversements naquirent deux demi-elfes, à qui il fut donné le choix de devenir mortel (*) ou non. Elros et son frère Elrond devinrent donc respectivement homme et elfe. Le premier donna naissance à la lignée des rois de Númenor, île qui fut offerte aux hommes ayant contribué à la défaite de Morgoth. Quant au second, Elrond, il incarna l’un des plus grands seigneurs elfe et joua un rôle essentiel dans l’histoire de la Terre du Milieu jusqu’à la fin du Tiers âge.
Après avoir survécu à son maître, Sauron, premier lieutenant de Morgoth, usa de son influence néfaste au fil des siècles et corrompit les seigneurs de Númenor jusqu’au dernier : Ar-Pharazôn, envoûté par ses paroles, commit l’affront de poser le pied en Valinor, terre de repos des Elfes pourtant interdite aux mortels. Cet évènement terrible déclencha un nouveau cataclysme qui submergea l’île de Númenor et la fit disparaître à jamais…
Les Hommes ayant survécu à l’engloutissement de Númenor parvinrent en Terre du Milieu. Isildur et son frère Anarion, fils du roi des Hommes exilés, fondèrent les royaumes d’Arnor et de Gondor et décidèrent d’en finir une bonne fois pour toutes avec l’Ennemi. Ils formèrent avec les Elfes la Dernière Alliance et ensemble affrontèrent Sauron et son armée. La, devant les portes du Mordor, Isildur fit face à Sauron et triompha de lui. La défaite de l’Ennemi aurait pu être totale, mais l’Anneau qui renfermait sa puissance ne fut pas détruit, et Isildur s’en empara. C’est ainsi que prit fin le Second âge.
Le Gondor perdura jusqu’à la fin du Tiers âge et joua un rôle important dans la Guerre de l’Anneau. Quant à l’Arnor, situé dans le nord de la Terre du Milieu, il fut agité durant de nombreux siècles, divisé par des luttes intestines pour le pouvoir et finit par disparaître, totalement détruit par la guerre qu’il mena contre le Roi-Sorcier, souverain du royaume d’Angmar. Vaincu par les Elfes, son existence ne prit pas fin pour autant… Glorfindel, son vainqueur, déclara “qu’aucun homme vivant ne pouvait le tuer”.
Le royaume du sud connut, lui aussi, son lot de malheurs jusqu’à la disparition de son dernier roi Eärnur, parti affronter le Roi-Sorcier devant les portes de Minas Morgul, pour ne jamais revenir. Sans héritier direct, le pouvoir passa entre les mains des Intendants. Ils siégèrent ainsi, en attendant un hypothétique “Retour du Roi”, qui survint finalement presque mille ans plus tard, au terme de la Guerre de l’Anneau.
Un chapitre entier de l’appendice A est consacré à Aragorn et à son histoire d’amour avec la fille d’Elrond, Arwen. Depuis le royaume d’Arnor, un certain nombre d’hommes prirent contact avec les elfes de Fondcombe. Ce peuple, pour la plupart traqueurs et chasseurs, furent appelés les Dunedains, et Aragorn était l’un d’entre eux. Elevé par les Elfes, c’est ainsi qu’il rencontra Arwen un beau jour en marchant dans les bois et se prit d’amour pour elle. Bien qu’encore jeune, il savait que son destin était lié à elle, mais qu’il ne pourrait s’accomplir avant de nombreuses années. Pendant près de quarante ans, il partit à l’aventure dans le vaste monde et se fit connaître de nombreux peuples. Durant ces années d’errance, il fit également la rencontre de Gandalf, lors de la traque de Gollum, et tous deux devinrent de grands amis.
La suite de son histoire est plus connue, puisqu’elle prend directement place dans l’affrontement puis la victoire inespérée contre Sauron. Aragorn épousa Arwen, fut proclamé roi et prit le nom d’Elessar. Durant près d’un siècle, son règne égala en splendeur celui des seigneurs de Númenor et, parmi ses exploits, on compte la reconstruction du royaume d’Arnor, qu’il réunifia à celui du Gondor. De son amour avec Arwen naquit un hériter, Eldarion, ainsi que plusieurs filles. La fin de l’histoire d’Aragorn et d’Arwen reste empreinte de tristesse, car au moment de sa mort, la reine, appartenant toujours à la race des Elfes, ne put le suivre et disparut dans les bois pour toujours.
Le fragment suivant s’attarde sur la fondation de la maison d’Eorl. Depuis plusieurs siècles vivait un peuple d’Hommes près du fleuve Anduin, les Éothéod. C’est lors d’une attaque menée par les Orques et les Orientaux, que s’illustrèrent Eorl le Jeune et son armée de cavaliers, lors de la bataille des champs du Celebrant. Cette victoire fut inespérée pour les gens du Gondor. En récompense, ils offrirent une terre au peuple d’Eorl, au nord des Montagnes Blanches, qui devint le royaume du Rohan. Fort et fier, ce peuple maitrisait mieux que nul autre l’élevage et le dressage des chevaux. Le récit revient sur les différentes lignées de la maison d’Eorl, depuis son origine jusqu’au couronnement d’Eomer, neveu du roi Théoden, qui périt durant la Bataille des Champs du Pelennor.
Enfin, le dernier chapitre de l’appendice A revient sur les origines mystérieuses du peuple des Nains, de leur ancêtre Dürin, et du rôle qu’une certaine compagnie joua durant les événements qui conduisirent à la mort du dragon Smaug et à la Bataille des Cinq Armées. Il est aussi question du destin de Gimli, surnommé Ami des Elfes, qui fut invité lors de ses vieux jours à rejoindre son ami Legolas pour un dernier voyage vers les Terres Immortelles. Il fut ainsi le seul nain de l’histoire des Jours Anciens à avoir jamais connu ce privilège.
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Comme vous le voyez, la future série d’Amazon a de quoi faire pour s’installer pendant de nombreuses saisons. La question reste évidemment de savoir quelle partie de cette longue et riche histoire sera privilégiée par les scénaristes. En effet, on le constate au travers de ces appendices, le Seigneur des Anneaux — roman déjà gigantesque s’il en est — ne représente qu’une infime partie de la chronologie imaginée par Tolkien. C’est aussi grâce à ces textes annexes que la Terre du Milieu continue d’exister dans nos esprits, même longtemps après avoir tourné la dernière page. Plus que lui donner une profondeur supplémentaire, ils sont aussi la preuve de l’acharnement et du remarquable sens du détail de cet auteur, qui n’a jamais cessé de retravailler ses textes jusqu’à la fin de ses jours.
N’oublions pas que si le Hobbit et la trilogie du Seigneur des Anneaux sont des romans aux intrigues suffisamment développées pour avoir permis des adaptations dans le passé, les appendices sont des textes bien moins précis. C’est pour cela que la collaboration du Tolkien Estate est essentielle. Espérons donc que toute l’équipe derrière ce projet fasse preuve d’une grande créativité, et que la série — quelle que soit sa forme — soit digne de ce nom.
Pour des informations complémentaires concernant la série, retrouvez notre article « Le Seigneur des Anneaux, la série confirmée » et pour tout ce qui concerne le Tolkien Estate, notre article « Le Tolkien Estate au coeur de l’actu, mais qu’est-ce que cet organisme ?« .
Toujours très instructif ! Bravo pour cet article, il m’a donné envie de « re-fourrer » mon nez dans les appendices de mon vieux Seigneur des Anneaux. Bonne et longue continuité à toute l’équipe de Tolkiendrim !