L’exposition « Tolkien » à la Bibliothèque Nationale de France
Après Oxford et New York, ce sera au tour de Paris d’accueillir l’exposition « Tolkien » fin 2019 !
L’accueil de cette exposition à la Bibliothèque Nationale de France – François Mitterand est motivé par un bouillonnement culturel autour de J.R.R. Tolkien et de ses oeuvre :
- Dans vos bibliothèques : Les best-sellers tolkieniens sont retraduits en 2012 et 2014-2015-2016, The Fall of Gondolin est édité cette année (2018) et la publication de sa traduction française est prévue pour le 18 avril prochain,
- Sur vos écrans : La série d’Amazon Studios serait diffusée en 2021 au plus tôt,
- Dans vos librairies, John Howe dédicace en ce moment son carnet de croquis Un voyage en terre du milieu,
- A la radio, sur France culture, La compagnie des auteurs a consacré une série de quatre volets sur l’auteur la semaine dernière (ici, ici, ici et ici),
- Dans notre patrimoine culturel : des œuvres graphiques de Tolkien sont tissées à la Cité Internationale de la Tapisserie, à Aubusson. Attention, la quatrième pièce de la Tenture Tolkien , “Lettre du Père Noël, Christmas 1926” tissée par l’Atelier Guillot sera dévoilée ce vendredi 21 décembre 2018 à 15h !
J.R.R. Tolkien a beau nous avoir quittés il y a 45 ans, son légendaire a plus que jamais le vent en poupe !
Ce projet d’exposition à la Bibliothèque Nationale de France se murmure depuis au moins 2016. Plus tôt cette année, la bibliothèque avait fait appel au conseil des fans pour connaître leurs souhaits et attentes, concrétisés le mois dernier à l’occasion de la matinée de présentation de la saison culturelle 2019.
Nous remercions chaleureusement Hoffnar Felder, ami de Tolkiendrim et membre de Tolkiendil, de nous avoir communiqué son compte rendu de la journée du 06 novembre dernier et de nous avoir autorisé à le publier :
L’exposition a été présentée par Frédéric Manfrin, commissaire de l’exposition avec Vincent Ferré, lequel était en pleine négociation avec le Tolkien Estate et avait donc une excellente excuse pour ne pas nous avoir rejoints ce matin.
La scénographie de l’exposition sera assurée par Flavio Bonucelli, dont l’un des crédos est ne pas imposer une structure trop spécifique, mais d’adopter au contraire un style plus fragmenté, pour ménager l’imaginaire du visiteur de l’exposition et lui permettre de se saisir de son sujet. Par ailleurs, l’exposition sera enrichie d’une vingtaine d’œuvres originales d’Alan Lee, commandées à l’artiste tout exprès pour l’occasion.
L’exposition ouvrira le 21 octobre. Elle englobe en effet la quasi-totalité de l’exposition de la Bodleian, mais également plus de manuscrits inédits (notamment en provenance de Marquette), et surtout un dialogue avec les collections de la BNF et quantité d’autres objets rassemblés pour l’occasion.
L’exposition s’articulera en trois parties, précédées d’un espace d’introduction. Celui-ci sera l’occasion de présenter Tolkien, le professeur, dans son milieu oxonien : un portrait, un enregistrement de sa voix, permettront d’approcher l’écrivain.
La première partie, qui totalisera les deux tiers de l’exposition, se consacre à la Terre du Milieu proprement dite. Dans cette partie, il n’est pas question que l’imagerie puissante et évocatrice vienne parasiter l’imaginaire des visiteurs ; cependant, pour favoriser leur immersion, l’exposition proposera des oeuvres de Tolkien lui-même (sensiblement les mêmes qu’à la Bodleian), de Pauline Bayes, de John Howe, d’Alan Lee. Cette partie sera introduite par un espace se voulant représenter la « bibliothèque d’Elrond » et qui sera, pour le visiteur, l’occasion de se familiariser avec la géographie, la chronologie, et les principales figures de cet univers. Commencera ensuite un long voyage à travers la Terre du Milieu, depuis le Comté jusqu’au Mordor, puis au-delà, en Valinor.
Cette première partie s’appuiera sur quelques 200 manuscrits venus tant d’Oxford que de Marquette. Par ailleurs, ces manuscrits seront mis en dialogue avec des pièces originales : carte de l’Atlantide, manuscrits enluminés, armes antiques et médiévales, armure du XVème siècle ayant inspiré John Howe pour concevoir les armures du Gondor, cor en ivoire faisant parti du trésor de l’Abbaye de Saint-Denis, fendu tout comme pour rappeler celui de Boromir, tapisseries d’Aubusson, sagas nordiques, notamment celles éditées par William Morris, agrémentés d’une carte dont la mise en regard avec le texte rappelle évidemment le Seigneur des Anneaux, ainsi que le manuscrit de Beowulf édité et imprimé par William Morris. En plus de cela, le visiteur aura l’occasion de voir des œuvres picturales originales de grand renom, comme la célèbre Lady of Shalott du préraphaélite Waterhouse, ou les illustrations des contes scandinaves de Kittelsen, prêtées par le musée d’Oslo. A cette liste s’ajoutent encore les tableaux de villages flamands du dix-septième siècle, dont la bonhomie et la bonne humeur rappellent le tempérament hobbit. Dans ces pièces choisies pour dialoguer avec l’œuvre de Tolkien, on trouvera encore des pièces du Musée des Arts décoratifs : bijoux de Fouquet dont les motifs rappellent l’élégance et la minutie elfique, mobilier de Henri Vapin, qui reprend des motifs médiévaux et les articulent autour d’une imagerie inspirée de la mythologie nordique.
La seconde partie opérera un retour sur la vie oxonienne de Tolkien , c’est-à-dire sur sa vie de professeur, mais aussi sa vie familiale. Ce sera l’occasion de redécouvrir les Lettres du Père Noël (plus nombreuses que les lettres exposées à la Bodleian), ces textes hors légendaire, comme la légende de Sigurd et Gudrun, sa traduction de la légende du Chevalier Vert, ou son travail de philologue sur Beowulf.
Enfin, la troisième et dernière partie s’attachera à montrer que l’œuvre de Tolkien est une oeuvre vivace, à la postérité pléthorique, qui a infusé de manière pénétrante et durable la culture populaire, depuis les jeux de rôle au chef desquels bien sûr l’incontournable Donjons et Dragons, jusqu’aux jeux vidéo, renfermés eux aussi dans les collections de la BNF. Quatre jeux en particulier seront mis en avant dans l’exposition : World of Warcraft, The Witcher, la saga des Elder Scrolls, et Dark Souls. Une expérience de réalité virtuelle sera par ailleurs proposée.
En sus de cette exposition, de nombreuses conférences et autres rencontres événementielles seront organisées, des soirées de poésie, de musique, et peut-être des soirées jeux de rôle. Parmi ces conférences, on peut déjà lister :
– Tolkien et l’écologie
– Traduire Tolkien
– Tolkien et l’invention des langues
– Illustrer Tolkien
– L’imaginaire médiéval dans la fantasy
– La fantasy et la contre-culture
– Les géographies imaginaires.
Il se tiendra également un colloque en partenariat avec le Musée de l’Armée sur le thème « Tolkien et la Guerre », qui abordera tant l’expérience biographique de la Grande Guerre vécue par Tolkien, que le traitement que fait Tolkien de la guerre et des batailles dans son œuvre littéraire.
Enfin, il faut savoir que cette exposition ne s’est pas faite sans difficulté. Tolkien, en effet, est très loin d’être un sujet ordinaire pour une exposition de la BNF. Celle-ci ne renferme d’abord aucun de ses manuscrits ; ensuite, il ne s’agit pas d’un auteur français. Par ailleurs Tolkien est un sujet encore très clivant, qui divise les acteurs de la BNF entre ceux qui ne saisissent pas l’intérêt qu’il aurait à mettre son œuvre en avant, et ceux chez qui, comme nos commissaires, elle suscite au contraire un enthousiasme très vif et visiblement tout aussi fécond !
Nous laisserons à Anne Besson le mot de la fin :
Article très bien documenté.
Merci Tolkiendrim !
Je suis impatiente……
CB